Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 19

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Sur les éléments

1                                 Frères, de qui toujours la parfaite harmonie
2                                 Règne, sans s’altérer, dans vos vieux différends,
3                                 Grands corps, de siècle en siècle, affermis en vos rangs,
4                                 Dont tous les autres corps sentent la tyrannie,

5                                 Eléments séparés, dont la force est unie,
6                                 Fixes, mouvants, légers, pesants, actifs, souffrants,
7                                 Chauds, froids, humides, secs, obscurs et transparents,
8                                 Qui marquez du grand Dieu la sagesse infinie,

9                                 Pères et destructeurs de tant d’êtres divers,
10                               Qui, naissant et mourant, dans ce vaste univers,
11                               Eprouvent de vos lois la fatale puissance,

12                               Heureux qui ne craint plus l’atteinte de vos coups,
13                               Et qui, sur tous les cieux, loin de votre inconstance,
14                               Peut vivre, respirer et se mouvoir, sans vous !


Annotations de Drelincourt :

Ligne 2 :           C’est l’antipathie naturelle des qualités élémentaires que l’auteur de la nature a si sagement tempérées que pour y entretenir l’ordre et la paix, chaque élément est joint à l’élément voisin, par une qualité commune à l’un et à l’autre. Les païens figuraient cet admirable accord par la lyre de leur Orphée.

Ligne 9 :           Les éléments sont les principes de la génération et de la corruption de tous les corps mixtes ou composés ; c’est ce qui les a fait adorer par les païens.

 

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