Laurent Drelincourt

(1625-1680)

 

Livre premier - Sonnet 18

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Sur la lune

1                                 Sœur de l’astre du jour, vigilante courrière,
2                                 Tu règnes sur les eaux, et d’un cours diligent,
3                                 Sous un lambris d’azur, dans un trône d’argent,
4                                 Tous les mois, tu fournis ton illustre carrière.

5                                 Tu passes, tour à tour, l’un et l’autre hémisphère,
6                                 Et lorsqu’on voit ton frère en l’onde se plongeant,
7                                 Par différents aspects, ton visage changeant,
8                                 En dépit de la nuit, ramène la lumière.

9                                 Mais, ô belle planète ! où ton visage luit,
10                               Règnent pourtant toujours les ombres de la nuit,
11                               Et ta faible clarté n’en peut rompre les voiles.

12                               Quand pourrai-je monter jusqu’au brillant séjour,
13                               Où, sans ombre, sans nuit, sans lune, et sans étoiles,
14                               Du Soleil éternel je verrai le grand jour ?


Annotations de Drelincourt :

Ligne 1 :           Mais les Chinois et quelques autres Orientaux disent agréablement que le soleil et la lune sont le mari et la femme, et que les étoiles sont leurs enfants.

Ligne 4 :           Sa renaissance nous représente à chaque fois la résurrection (Saint Augustin).

Ligne 8 :           Quelques-uns l’ont fort bien nommé « le petit soleil » ou « le vicaire du soleil ». Mais dans son éclipse, les barbares tremblent et font des lamentations

Ligne 10 :         C’est pourquoi Théophraste a raison de l’appeler « le faible soleil ».

 

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