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1                                 Jeunesse, ne suis point ton caprice volage ;
2                                 Au plus beau de tes jours, souviens-toi de ta fin.
  3                                 Peut-être verras-tu ton soir dans ton matin,
4                                 Et l’hiver de ta vie au printemps de ton âge.
5                                 La plus verte saison est sujette à l’orage ;
  6                                 De la certaine mort le temps est incertain,
7                                 Et de la fleur des champs le fragile destin,
  8                                 Exprime de ton sort la véritable image.
9                                 Mais veux-tu, dans le ciel, refleurir pour toujours ? 
10                               Ne garde point à Dieu l’hiver qui des vieux jours
11                               Tient, sous ses dures lois, la faiblesse asservie.
	
Annotations de Drelincourt :
Ligne 1 : Que ta jeunesse soit celle d’un vieillard, c’est-à-dire, qu’elle soit accompagnée de sagesse (dit saint Augustin).
Ligne 6 : Qu’y a-t-il de certain en cette terre que la mort, dont l’heure même est incertaine ? (saint Augustin)
Ligne 8 : Notre vie se flétrit comme une fleur. (le même) Cette fleur se sèche pendant que nous parlons. (Sénèque)
Ligne 12 : La jeunesse est une couronne de roses, disent les rabbins.
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